article LE PICTON N° 206 - Mars/avril 2011 (pge 70)
C'est Melusine qui me l'a dit -
"On entend une guitare qui joue cette nuit sur la colline, sous les chênes. Lui répondent les chants du violon, de la flûte de la lyre, du cor et de la corne. C'est le solstice d'été, c'est la nuit de la Saint-Jean, la fête du soleil, la nuit sans âge... Tous les musiciens de tous les temps se sont donné rende-vous ici auprès de Mélusine, la bonne fée de la terre et de l'eau qui, pleine de tendresse et d'amour les réunit chaque année".
Fin de l'histoire ou début d'une autre. Basile, le guitariste futuriste ; Fanfan, le violoneux marginal ; Toinon, qui chantait sur sa lyre avec la peste pour escorte ; Pain Perdu, le joueur de flûte médiéval ; Belesbat et son cor au temps des invasions barbares et Corne de Bison qui tentera de se rebeller contre le dieu auquel on sacrifia sa bien-aimée.
En leur compagnie successive, nous avons doucement remonté le temps, avec Mélusine, fée du Poitou - et d'ailleurs - pour guide, la fontaine des accordialles pour repaire et la Saint-jean pour repère. Le possible - dimension amoureuse et conviviale de la vie, rapport de séduction à la nature à travers l'eau, source de vie -, s'oppose ici à la réalité d'une société de domination, autoritaire et brutale. Un voyage initiatique en six tableaux allégoriques, chantés par les instruments de six musiciens que séparent deux mille ans de notre temps et que réunit une seule source, celle où Mélusine dit son secret... à qui sait l'écouter.
Michel GRANGER.